Les Vosges
sous l'occupation nazie. Maria est institutrice. D'une beauté saisissante, elle
coule des jours insouciants avec son mari, Jean, patron du bistrot du coin.
Lorsque les maquisards viennent la chercher à l'école devant ses élèves, ils
promettent de la ramener bientôt, que tout ira bien… Commence alors le calvaire
de Maria. Un calvaire qui durera toute sa vie. Car voilà : Jean est un traître,
un collabo, et beaucoup sont morts par sa faute. Pour l'avoir aimé, Maria sera
battue, torturée puis violée, avec à jamais gravé en elle la disgrâce et la
cruauté de ceux que la France élèvera bientôt au rang de héros. Elle n'en
parlera à personne. Cinquante ans plus tard, un jeune homme arrive dans cette
vallée par une nuit neigeuse. Il vient rendre visite à l'une des pensionnaires
de la maison de retraite. La voix fatiguée d'une conteuse sur les ondes d'une
radio locale l'accompagne dans son périple nocturne. Pour ses auditeurs, elle
évoque l'histoire de ces terres où gèlent les eaux de la Moselle. Les fantômes
du passé planent sur son récit. Avec Maria, Pierre Pelot revient à sa
géographie intime, honorant, dans cette langue percutante et sensible, la
mémoire d'une région aussi écorchée que son personnage. Alors que la neige fond
et devient boue, visages des résistants et des nazis se confondent.
Pierre Pelot
est un auteur dont j’avais beaucoup entendu parler sans n’avoir encore jamais
rien lu de lui. Quand l’occasion m’a été donné de lire son roman historique
Maria, je n’ai pas hésité.
Avec ce
court roman, qui nous plonge au cœur de la Lorraine et plus particulièrement
dans les forêts vosgiennes, Pierre Pelot excelle. Il arrive en très peu de page
à faire passer l’essentiel et à nous offrir trois récits en un livre.
L’auteur
nous conte l’histoire de Maria, lors de la seconde guerre mondiale, alors
qu’elle n’est qu’une jeune femme de vingt-trois ans, qu’elle est mariée à Jean
Tobé et qu’elle est institutrice. Un métier qui l’a passionne, un métier pour
lequel elle vit ; l’auteur nous livre aussi l’histoire de Maria, alors
qu’elle est une vieille femme, de nos jours, qu’elle vit en maison de retraite
et qu’elle s’adonne à sa passion pour l’histoire de sa région, en racontant
celle-ci à la radio. A cela, Pierre Pelot nous raconte les Vosges, il dresse le
portrait de cette région avec beaucoup de poésie, de brio et d’émotion.
Je ne veux
pas trop entrer dans les détails de l’histoire, par peur de trop en dire, mais
je peux vous dire que l’auteur nous fait partager un pan de notre histoire qui
n’est pas forcément beaucoup abordé : le visage plus sombre de la
résistance. Ici, avec l’histoire de Maria, nous découvrons une autre vision des
résistants, moins glorieuse, plus cruelle. Franchement, je n’avais encore rien
lu de telle sur la résistance. Pierre Pelot s’est attaqué à quelque chose de
quasiment sacré, mais je suis ravie qu’il l’ait fait, car il démontre ainsi que
l’horreur, la violence, l’injustice peuvent être partout et que personne n’est
à l’abri. L’être humain est ainsi fait que même dans ce qu’il y a de plus beau,
il peut-y avoir du laid.
J’ai aimé
aussi découvrir l’histoire de la région, à travers la voix d’une Maria vielle
et attendrissante. J’ai une partie de ma famille qui est originaire de cette
région, et j’ai découvert avec plaisir et attention un pan de leur histoire.
Pierre Pelot
écrit avec beaucoup de beauté, de justesse et d’émotion. Il m’a donné envie de
découvrir cette région, à mon tour.
Il m’a aussi
fait aimer Maria. Je ne peux même pas décrire ce que j’ai ressenti pour elle,
tant les mots me manquent. Mais Maria est un peu la grand-mère que je n’ai
jamais eue. J’ai souffert avec elle, à la limite de la nausée, j’ai pleuré,
j’ai été ému, je l’ai comprise aussi… Maria est une femme d’une force
incroyable, une personne magnifique et rayonnante. Je me suis beaucoup attachée
à elle et c’est avec tristesse que je l’ai quitté.
Avec ce
court roman, Pierre Pelot m’a totalement convaincu et fasciné. J’ai maintenant
envie de lire ces autres écrits, qui j’espère m’enchanteront autant. Je vous
invite vraiment à découvrir ce très beau texte, qui restera longtemps gravé
dans ma mémoire. Je crois même que je n’oublierai jamais Maria…
Je remercie
beaucoup Marylin
grâce à qui j'ai eu envie de découvrir ce livre, suite à sa chronique sur son blog.
Éditions Héloïse d'Ormesson (2010)
126 pages
Une région que l'on connait trop peu.
RépondreSupprimerC'est vrai. Il me semble que cette région n'est que trop peu abordée en littérature. Je suis ravie d'avoir lu ce livre, que je te recommande.
SupprimerJ'ai été récemment déçue par "givre noir" du même auteur. Il me semble que celui-ci me conviendrait mieux.
RépondreSupprimerC'était le premier Pelot que je lisais et franchement j'ai vraiment bien accroché. C'est un livre prenant et puissant. Je te le conseille vraiment. Bises
SupprimerUn roman ados/adultes de cet auteur, très beau : 'Les croix en feu' (sur l'après Guerre de Sécession, qui n'avait encore pas arrangé grand chose dans les faits).
RépondreSupprimerVu que j'ai très envie de lire d'autres livres de l'auteur, je note ton conseil. bises
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