mercredi 16 janvier 2013

Maria [Pierre Pelot]

Les Vosges sous l'occupation nazie. Maria est institutrice. D'une beauté saisissante, elle coule des jours insouciants avec son mari, Jean, patron du bistrot du coin. Lorsque les maquisards viennent la chercher à l'école devant ses élèves, ils promettent de la ramener bientôt, que tout ira bien… Commence alors le calvaire de Maria. Un calvaire qui durera toute sa vie. Car voilà : Jean est un traître, un collabo, et beaucoup sont morts par sa faute. Pour l'avoir aimé, Maria sera battue, torturée puis violée, avec à jamais gravé en elle la disgrâce et la cruauté de ceux que la France élèvera bientôt au rang de héros. Elle n'en parlera à personne. Cinquante ans plus tard, un jeune homme arrive dans cette vallée par une nuit neigeuse. Il vient rendre visite à l'une des pensionnaires de la maison de retraite. La voix fatiguée d'une conteuse sur les ondes d'une radio locale l'accompagne dans son périple nocturne. Pour ses auditeurs, elle évoque l'histoire de ces terres où gèlent les eaux de la Moselle. Les fantômes du passé planent sur son récit. Avec Maria, Pierre Pelot revient à sa géographie intime, honorant, dans cette langue percutante et sensible, la mémoire d'une région aussi écorchée que son personnage. Alors que la neige fond et devient boue, visages des résistants et des nazis se confondent.

Pierre Pelot est un auteur dont j’avais beaucoup entendu parler sans n’avoir encore jamais rien lu de lui. Quand l’occasion m’a été donné de lire son roman historique Maria, je n’ai pas hésité.

Avec ce court roman, qui nous plonge au cœur de la Lorraine et plus particulièrement dans les forêts vosgiennes, Pierre Pelot excelle. Il arrive en très peu de page à faire passer l’essentiel et à nous offrir trois récits en un livre.
L’auteur nous conte l’histoire de Maria, lors de la seconde guerre mondiale, alors qu’elle n’est qu’une jeune femme de vingt-trois ans, qu’elle est mariée à Jean Tobé et qu’elle est institutrice. Un métier qui l’a passionne, un métier pour lequel elle vit ; l’auteur nous livre aussi l’histoire de Maria, alors qu’elle est une vieille femme, de nos jours, qu’elle vit en maison de retraite et qu’elle s’adonne à sa passion pour l’histoire de sa région, en racontant celle-ci à la radio. A cela, Pierre Pelot nous raconte les Vosges, il dresse le portrait de cette région avec beaucoup de poésie, de brio et d’émotion.

Je ne veux pas trop entrer dans les détails de l’histoire, par peur de trop en dire, mais je peux vous dire que l’auteur nous fait partager un pan de notre histoire qui n’est pas forcément beaucoup abordé : le visage plus sombre de la résistance. Ici, avec l’histoire de Maria, nous découvrons une autre vision des résistants, moins glorieuse, plus cruelle. Franchement, je n’avais encore rien lu de telle sur la résistance. Pierre Pelot s’est attaqué à quelque chose de quasiment sacré, mais je suis ravie qu’il l’ait fait, car il démontre ainsi que l’horreur, la violence, l’injustice peuvent être partout et que personne n’est à l’abri. L’être humain est ainsi fait que même dans ce qu’il y a de plus beau, il peut-y avoir du laid.

J’ai aimé aussi découvrir l’histoire de la région, à travers la voix d’une Maria vielle et attendrissante. J’ai une partie de ma famille qui est originaire de cette région, et j’ai découvert avec plaisir et attention un pan de leur histoire.

Pierre Pelot écrit avec beaucoup de beauté, de justesse et d’émotion. Il m’a donné envie de découvrir cette région, à mon tour.
Il m’a aussi fait aimer Maria. Je ne peux même pas décrire ce que j’ai ressenti pour elle, tant les mots me manquent. Mais Maria est un peu la grand-mère que je n’ai jamais eue. J’ai souffert avec elle, à la limite de la nausée, j’ai pleuré, j’ai été ému, je l’ai comprise aussi… Maria est une femme d’une force incroyable, une personne magnifique et rayonnante. Je me suis beaucoup attachée à elle et c’est avec tristesse que je l’ai quitté.

Avec ce court roman, Pierre Pelot m’a totalement convaincu et fasciné. J’ai maintenant envie de lire ces autres écrits, qui j’espère m’enchanteront autant. Je vous invite vraiment à découvrir ce très beau texte, qui restera longtemps gravé dans ma mémoire. Je crois même que je n’oublierai jamais Maria…

Je remercie beaucoup Marylin grâce à qui j'ai eu envie de découvrir ce livre, suite à sa chronique sur son blog.  

Éditions Héloïse d'Ormesson (2010)
126 pages

 

6 commentaires:

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    1. C'est vrai. Il me semble que cette région n'est que trop peu abordée en littérature. Je suis ravie d'avoir lu ce livre, que je te recommande.

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  2. J'ai été récemment déçue par "givre noir" du même auteur. Il me semble que celui-ci me conviendrait mieux.

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    1. C'était le premier Pelot que je lisais et franchement j'ai vraiment bien accroché. C'est un livre prenant et puissant. Je te le conseille vraiment. Bises

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  3. Un roman ados/adultes de cet auteur, très beau : 'Les croix en feu' (sur l'après Guerre de Sécession, qui n'avait encore pas arrangé grand chose dans les faits).

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    1. Vu que j'ai très envie de lire d'autres livres de l'auteur, je note ton conseil. bises

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